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Démarche artistique

Artiste plasticienne française, diplômée du Master International  Art & Vision (2018, La Sorbonne, Paris)

Vit et travaille à paris.

Ma pratique est protéiforme : essentiellement centrée sur la peinture, elle inclut également le dessin, la photographie, la video et la performance.

Les images sont au coeur de mon travail, comme intermédiaires indispensables entre nous et le monde, essentielles à la création de pensées nouvelles.

Je m’intéresse aux conséquences de leur prolifération désormais excessive, accélérée et désordonnée,  sur notre rapport au monde, ainsi qu'aux liens qu'elles entretiennent avec les mots et la mémoire.

Je puise mon inspiration dans une bibliothèque d'images, ouverte et dynamique, en permanence renouvelée. Mes sources sont aussi bien personnelles que trouvées dans des brocantes ou sur internet, aussi bien banales que liées à l'histoire de l'art ou du cinéma.

De manière intuitive et expérimentale, je m'applique à les combiner, à chercher des correspondances visant à créer une tension entre les éléments en présence privés de leur contexte initial pour s’éveiller à une réalité plus singulière.

Dans ces confrontations d’éléments distancés se joue la question du trouble, de l’étrangeté parfois inquiétante. L’énigme tient à l’ambivalence, à l’absence de clarté, à l’impossibilité d’attribuer une signification précise. La distorsion d’images, la superposition, les altérations d’échelle, la mise en scène de temporalités éloignées, les perspectives non linéaires, par exemple,  sont des éléments déclencheurs de ce sentiment.

Souvent se dégage une certaine mélancolie dans mon travail, des personnages, de dos, allongés, tronqués, dont la présence s’efface presque, isolés dans des paysages évoquant la puissance de la nature, ou encore des animaux, dont l’apparente sauvagerie disparait lorsqu’elle est confrontée à la brutalité d’architectures futuristes.  

Ma quête artistique s'inscrit dans notre époque de l’Anthropocène, et vient questionner les vanités humaines face aux irréversibles mutations écologiques annoncées.

 

Texte d'Aurélie Barnier, critique d'art et commissaire d'exposition

2011

Formes du trouble

 

Se déployant dans des productions allant de la peinture à la vidéo, en passant par le dessin ou la photographie et ses montages, l’apposition du monde sauvage et des constructions humaines est au cœur du travail de Pascale Bosc, où la pure sauvagerie ne se débusque pas toujours où l’on croit.

Ainsi peint-elle des animaux préhistoriques campés devant un bâtiment inspiré du Ministère des routes de Géorgie, dans l’un des derniers diptyques de cette série consacrée à l’étrange juxtaposition de l’animal (loup, léopard, zèbre, grand cerf ou lapin), figuré dans ses détails les plus fouillés quand les lignes d’architectures toujours désertées sont simplifiées à l’extrême, estompées voire effacées.  Les paysages ainsi composés ne semblent guère repeuplés, bien au contraire, puisque leur caractère désolé n’en paraît que plus évident – ce constat glacé étant singulièrement sensible dans le tableau des deux loups figés sur le parvis de La Défense. 

L’artiste puise notamment à la source d’un répertoire de souvenirs et de photographies argentiques ou numériques, glanées dans les brocantes comme sur Internet. Cette bibliothèque de formes plastiques, déclinées selon différents supports, techniques et formats est à l’origine d’une iconographie récurrente. Ainsi des bois de cerf, sous les aspects les plus divers, viennent-ils irriguer son travail depuis plusieurs années. 

Dans des paysages radioactifs, le végétal reprend également ses droits. Ceux-ci  trouvent leur origine dans un reportage de la chaîne de télévision Arte consacré à Tchernobyl, montrant la végétation qui, à l’instar de certaines espèces animales, a profité de la radioactivité pour se développer de nouveau dans ce paysage dont elle était exclue lorsque la centrale était en fonctionnement.  

Sur plusieurs supports, des empiècements de dentelle, peinte ou valorisée pour elle-même, fonctionnent aussi comme des incrustations, formes de contamination végétale. Pour l’artiste, elle suscite la sensation fantomatique qu’elle recherche et produit un effet similaire au positif-négatif en photographie. 

Ce travail de découpe et de disposition dans une surface de composition, tout comme les démarcations des calques intégrés dans des travaux réalisés à partir de photographies, repose sur la notion de champ et contre-champ, de frontières, de limites et dès lors sur une certaine Idée de la transgression  et du trouble . Et Pascale Bosc d’insister sur le caractère diffus du trouble, sensation qu’elle qualifie d’animale…

L’étrangeté, l’angoisse qui étreint, et conduit aussi vers un ailleurs, ont la part belle dans les propositions de Pascale Bosc, mêlant accidents nucléaires, clichés des hommes violents et des femmes cruelles ou animaux sauvages affrontés à des architectures désertées.  Avec la même évidence dans les intentions, elle instaure une distance critique et amusée vis-à-vis de l’histoire de l’art (de Dada aux œuvres de Bruce Nauman ou Damien Hirst en passant par le Surréalisme). Ainsi une figure de super héros dépressif, comme son Superman désabusé, assis jambes pendantes sur le bord d’un nuage, est-elle entourée d’étoiles, ou trouve-t-on, au sein de la combinaison ravageuse d’une explosion nucléaire, d’un viseur, d’un scaphandrier et d’un crâne humain, la présence rassurante et absurde à la fois d’une petite biche à la silhouette enfantine, qui dispose malgré tout d’une écuelle d’eau ! 

C’est sans doute pour cela que ses diverses productions plastiques ne font pas l’économie des questions soulevées par l’usage d’éléments directement prélevés dans la réalité extérieure alors même qu’elles fonctionnent également comme des injonctions à évaluer les effets d’une rupture avec le réel. 

 

Aurélie Barnier

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