Jour Bleu – en l’an 1023 de la Nouvelle Ere
Nous progressions à pas réguliers dans la nouvelle galerie, en file indienne, nos respirations saccadées au rythme de nos pas.
L’expédition avait quitté le camp de base depuis plusieurs jours déjà, et la fatigue commençait à se faire sentir.
Le dernier groupe que nous avions croisé avait mentionné avoir découvert un phénomène étrange tout près d’ici : une sorte de ruissellement entre des roches dures et claires situés à quelques jours de marche.
L’eau, c’est en général dans de grands lacs souterrains que nous la trouvons.
Jamais jusqu’ici n’avions-nous entendu parler d’une eau qui viendrait de « Là-Haut ».
« Là-Haut ».... quelques explorateurs s’y étaient bien aventurés.... Peu étaient revenus jusqu’au camp, et ceux qui l’avaient fait s’étaient brûlés les yeux.
Ils avaient expliqué avoir creusé de nouvelles galeries au-dessus de leur tête, marché, grimpé, plusieurs jours noirs parfois....
Ils disaient qu’il y avait une fin, une fin au monde de la terre et de la roche noire, et que lorsque l’on s’y glissait, notre corps tout entier se retrouvait happé par un souffle cinglant, et nos yeux se fermaient à jamais.....
Nous avions enfin atteint la galerie des roches claires, et avancions désormais en terre inconnue.
Jamais nous n’avions rencontré cette sensation au contact de nos mains sur les parois.
Une sorte de brûlure, qui gardait notre peau prisonnière si nous la caressions trop longtemps. La matière était dure, au point d’être coupante par endroits. Mais l’étrangeté venait surtout du fait qu’elle semblait pénétrable. Sans fond, le regard s’y noyait. Elle ne ressemblait à rien de ce que nous connaissions; elle avait l’air vivante, mutante, et nous avions parfois la sensation désagréable d’y croiser des regards qui auraient pu être les nôtres, comme si nous étions à la fois extérieurs et intérieurs à cette nouvelle matière. Nous progressions plus difficilement désormais, de plus en plus d’eau s’échappait de ces nouvelles roches, nous glissions fréquemment, et ne pouvions nous appuyer à ces parois glissantes.
Soudain un craquement se fit entendre. Puis un autre. Nous restions immobiles, habitués à ces cris de la Terre.
La roche se fendit, laissant apparaitre dans son épaisseur de nouvelles formes qui se détachaient par leur opacité colorée.
Nous faisions face un phénomène inconnu, et nos sens semblaient perturbés par cette découverte étrange.
Nous décidâmes alors de déclencher la procédure.
Après avoir échantillonné quelques éléments tirés de la paroi, nous reprîmes la marche vers le camp de base afin de les remettre aux équipes scientifiques.....